12e Congrès Ruepsy
Parole d’enfant : dialogues et malentendus entre psychanalyse et éducation
Résumés Communications Libres
Atelier 17
Premières inquiétudes d’une chercheuse en psychanalyse et éducation.
Milene Martins (Universidade Federal de Minas Gerais)
Marcelo Ricardo Pereira (UFMG)
En tant que chercheur en psychanalyse et éducation, nous nous sommes interrogés sur la relation entre le traitement analytique et la recherche, générant le questionnement suivant : le chercheur doit soutenir son travail sur les trois points d’appui de la formation de l’analyste, car s’il n’a pas effectué son analyse personnelle, participé à des études théoriques et fait superviser sa production textuelle, son travail serait-il soutenu scientifiquement ? Freud, dans Analyse terminable et interminable (1937), dans le rôle du maître, nous avertit des perspectives quant aux résultats de l’analyse, en reliant la fin au processus d’auto-évaluation que le patient apprend dans le transfert avec l’analyste. Le chercheur établit également une relation transférentielle avec le contenu investigué dans la mesure où dans le texte choisi, dans la lecture et l’écriture, non seulement la rationalité est active, mais aussi les processus inconscients, le chercheur étant impliqué affectivement dans la recherche. La recherche en psychanalyse et en éducation ne se limite pas à la clinique, mais se développe seulement si elle a la dimension clinique à son horizon, basée sur l’étude de l’inconscient, promouvant un travail d’écoute clinique dans le champ social, cherchant à enregistrer ce qui échappe au réel par la force des motivations inconscientes de celui qui est recherché et aussi de celui qui recherche (Pereira, 2016).
Concernant le questionnement initial, Freud répond en affirmant « mais où et comment le pauvre malheureux peut-il acquérir les qualifications idéales dont il aura besoin dans sa profession. La réponse est : dans l’analyse de lui-même, par laquelle commence sa préparation à l’activité future » (1937). De même, le chercheur, parce qu’il est imbriqué dans son objet d’étude, est indiqué pour orienter son travail dans le trépied de l’investigation psychanalytique. Le chercheur effectue également un processus de mémoire, non pas comme un fétiche dans le passé, mais endure la répétition en acte dans le processus d’écriture d’un texte académique.
Freud nous indique que l’analyse peut ne pas être concluante, étant un processus singulier dans la relation transférentielle entre l’analyste et l’analysant. De même, dans la recherche en psychanalyse et en éducation, il y a quelque chose qui échappe et nous sommes appelés à mener une recherche qui est également singulière.
D’après Analyse avec fin et analyse sans fin de Freud (1937), quelles sont les particularités de l’alliance entre le moi et l’éducation ?
João Pedro Santana Motta (Universidade Federal de Minas Gerais)
A partir du texte Analyse avec fin et analyse sans fin (1937), nous réfléchissons sur l’éducation et les façons dont elle peut exercer des effets sur un sujet. Nous commençons par le concept de mécanismes de défense, qui apparaît dans la cinquième partie. La référence à l’œuvre d’Anna Freud nous fait visiter sa production et comprendre comment l’éducation peut collaborer avec le Moi dans sa fonction d’éviter le danger, l’angoisse et le déplaisir. Pour ce faire, nous établissons des parallèles entre ce qui apparaît chez Freud et Anna et les idées de Kant sur l’éducation, en mettant l’accent sur la discipline et l’instruction. À propos de cette dernière, nous soulignons son aspect social et normatif, évident dans l’éducation. Celle-ci, en tant que pratique guidée par un « idéal de normalité », s’éloigne de la réalité, laissant échapper ce qui est propre au sujet. Nous passons ensuite à la deuxième partie, dans laquelle l’accent est mis sur l’impossibilité de l’éducation, une tâche impossible pour Freud et très difficile pour Kant. Nous reprenons Analyse avec fin et analyse sans fin en ce qui concerne les résultats insatisfaisants de l’analyse et ses raisons, qui peuvent également être vérifiées dans les tentatives d’éducation. En outre, l’idée de la fixation de certains mécanismes de défense par les avantages offerts précédemment nous sert pour deux mises en garde contre l’éducation. La première, liée à la possibilité de répétition de conduites – autrefois utiles, mais désormais dysfonctionnelles – dans la rencontre avec l’éducateur. Cela ne doit pas être traité ou réprimé, ce qui n’est pas la fonction de l’éducateur, mais accepté. La seconde concerne la distance entre le réel et l’idéal et le détachement par rapport à ce dernier afin que l’éducation ait des effets sur le sujet, même si elle reste impossible.
De Winnicott à Dolto : la diffusion de la psychanalyse par la radio.
Miguel Vallim (Pontifícia Universidade Católica de São Paulo)
Si plusieurs discussions autour de l’enfance se concentrent sur l’importance de l’espace de parole dédié aux enfants, il pourrait être utile d’identifier des moments de crise où il a été nécessaire d’offrir une écoute correspondante. Cette communication est inscrite dans le champ de l’histoire de l’enfance et de la psychanalyse avec des enfants. Entre 1939 et 1968, Winnicott a participé à une soixantaine d’émissions de radio, dans lesquelles il s’adressait aux mères et aux personnes s’occupant de bébés et jeunes enfants. Des années plus tard, entre 1976 et 1978, Dolto était responsable pour les émissions de Lorsque l’enfant paraît, diffusées sur Radio France-Inter, répondant aux lettres du public relatives au développement des enfants.
Entre l’après-guerre anglais et l’après mai 1968 français, les relations entre les enfants et la société en général se sont transformées, la radio nous offre un témoignage à propos de cette opération. A partir de l’analyse des programmes, nous expliciterons les objectifs de chacun de ces psychanalystes, ainsi que les problèmes rencontrés et certaines des questions qui découlent de cette réunion particulière entre la psychanalyse et les médias de masse. Différences concernant le contexte dans lequel les émissions s’insèrent, la vision sur l’enfance de chacun des auteurs et aussi le langage radiophonique propre à chaque époque.
En dialogue avec le thème du congrès, nous faisons attention à un groupe particulier des programmes de Dolto : « Les lettres du mercredi ». Il s’agit des écrits adressés par les enfants eux-mêmes qui – à la première personne – cherchent un destin à leurs conflits. Ils illustrent bien la proposition de Dolto qui impliquait sa compréhension particulière du langage.
Atelier 18
« Je veux bien coudre ! ». Un groupe de broderie libre avec des enfants réfugiés.
Thoya Lindner Mosena (Universidade Federal do Rio Grande do Sul)
Cette communication vise à proposer quelques réflexions sur les conditions nécessaires à la prise de parole de l’enfant à partir d’une expérience d’écoute qui, bien qu’elle ne se soit pas déroulée dans le milieu que nous circonscrivons habituellement comme clinique, présente des points d’alignement avec ce qui sous-tend notre travail. En accord avec Ricardo Rodulfo (2004) et ses observations selon lesquelles « habiter un lieu c’est aussi y déposer ses choses » et que « la manière dont l’enfant habite un lieu se donne à voir dans les marques et les traces laissées », nous avons pris comme point de départ la création d’un dispositif qui utilise la broderie comme médiateur de la conversation. Entre mai 2020 et décembre 2021, nous avons organisé un groupe de broderie bénévole avec des enfants réfugiés vénézuéliens accompagnés de leurs mères dans un abri temporaire à Rio de Janeiro (Brésil). Pendant toute la durée de l’expérience, les enfants, qui étaient initialement restés chez eux devant la télévision, ont fait un mouvement pour sortir dans la cour, jusqu’à s’approcher et demander à broder. Ils ont tracé et brodé des thèmes, des jouets et des jeux qui peuplent les différentes enfances, mais aussi des signifiants qui nous renseignent peut-être sur les fils emmêlés dans l’histoire de ces petits sujets en déplacement, mais pas nécessairement à la dérive. Peut-on alors rapprocher ce mouvement de jeu-dessin-écriture-brochage d’une pratique signifiante, comme l’a formulé Rodulfo (1990) ? Même si elles n’avaient aucune visée thérapeutique, quels effets peut-on supposer ou entrevoir des rencontres de conversation et de broderie dans le parcours de ceux qui y ont participé ? Le pari est que l’offre d’un espace d’écoute partagé peut tisser quelque chose de singulier dans le tissu commun, ce qui permet de poursuivre le chemin, ancré dans l’entre-langues dans lequel un lieu est cartographié à l’arrivée sur un nouveau pays d’habitation.
Du malentendu au « non-entendre » de l’adulte : quelle langue pour entendre la parole de l’enfant sourd dans la situation éducative ?
Gabriela Patiño-Lakatos (Université Paris 8 et Université Sorbonne Paris Nord)
À partir de la notion de « non-entendre » (Mannoni, 2008), je propose d’aborder la question de la place que l’adulte entendant accorde à la parole de l’enfant sourd dans le lien éducatif, entre langue orale et langue de signes. Cette situation éducative « entre-deux-langues » est révélatrice des enjeux subjectifs soutenus par une fonction symbolique de la traduction qui dépasse la question de la maîtrise linguistique : il est question de passage entre langue orale et langue de signes, mais plus profondément entre langue d’enfant et langue d’adulte. Cette situation interroge la capacité de l’adulte à « entendre » et à « traduire » (Laplanche, 2008 ; Jakobson, 1963) la demande de l’enfant en tant que sujet, pour y répondre de manière effective en articulant la demande de l’enfant à sa propre demande éducative. M’appuyant sur mon expérience clinique, je relèverai deux barrières potentielles à l’émergence de la parole dans le lien éducatif : l’une, manifeste, celle de la langue dans laquelle on se parle ; l’autre, latente, celle du positionnement subjectif de l’adulte entendant face à la surdité et plus généralement face à la parole de l’enfant et aux modes d’expression non linguistique de son malaise. Lorsque son autorité est mise à mal, le discours de l’enseignant peut faire appel à une figure imaginaire du père qui brouille la fonction symbolique du nom-du-père (Lacan, 1966). Il peut, à son insu, enfermer l’enfant dans un imaginaire d’où celui-ci peinera à s’en départir pour se construire en tant que sujet.
Accueillir une enfant allophone : enjeux de communication ou de langage ?
Pascaline Tissot (Université Paris 8)
Comment une élève de petite section de maternelle que nous appellerons Sihem et qui ne parle pas français est-elle devenue au sein de sa classe « l’enfant qui ne parle pas » ? Faute de pouvoir communiquer avec Sihem, personne ne s’adresse à elle. Et pourtant, cet enfant semble être dans une recherche perpétuelle de rencontrer l’autre, mettant alors différents stratagèmes en place pour contourner ladite « barrière de la langue ». Cette situation, observée au cours d’une des visites de classe que j’effectue en tant que formatrice auprès des professeurs des écoles stagiaires, sera relue par la recherche dans une approche référée à la psychanalyse.
Selon Lacan (1953), la parole n’est pas un simple outil de communication, elle nous permet d’occuper une place subjective. Outre l’aspect communicationnel, c’est alors la capacité de l’enseignant à adresser une parole à un enfant qui est interrogée. En deçà de l’apprentissage d’une langue seconde, il s’agit de pouvoir être subjectivement présent à l’autre, d’adresser une parole à cette enfant allophone qui lui permette de « traduire » son nouvel environnement. La parole de l’enseignant devient un point d’ancrage autorisant l’enfant à faire entendre sa voix. La place occupée par chacun, enseignant et élève, dans un lieu d’énonciation et dans un lien de transmission, ouvre alors un questionnement sur la dimension éthique de la rencontre. En inscrivant cette communication dans une articulation entre recherche et formation, je souhaite réaffirmer la nécessité de rappeler aux enseignants en formation, qu’enseigner est avant tout un acte qui s’inscrit dans le champ de la parole et du langage.
Atelier 19
Traverser le discours néolibéral à l’école : l’écoute-flânerie comme dispositif de recherche-intervention.
Patrícia da Conceição Fagundes (Universidade Federal do Rio Grande do Sul)
Rose Gurski (UFRGS et USP)
Notre exposé reprend notre recherche en master inscrite dans le cadre des études de l’axe Psychanalyse, éducation, interventions sociopolitiques et théorie critique de NUPPEC/UFRGS. Après le suicide d’un élève, un lycée public-privé du Rio Grande do Sul a adressé au NUPPEC une demande liée au malaise présent dans l’institution. Les premières approches sur le terrain montrent que les adolescents manifestent des crises d’angoisse, des consommations de substances et d’autres manifestations de malaise. Face à ce scénario, nous nous interrogeons : comment les effets possibles du discours néolibéral à l’école se manifestent-ils dans la souffrance psychique des adolescents ? Comment écouter la dimension sociopolitique de la souffrance (Rosa, 2016) de ces jeunes dans le contexte scolaire ? En articulant les aspects apportés par les sociologues Dardot et Laval (2016), qui conceptualisent le néolibéralisme comme un système qui institue une norme de vie, ainsi qu’avec la perspective du néolibéralisme comme gestionnaire de la souffrance psychique (Safatle, Silva Jr. et Dunker, 2021), le travail sera mené à travers l’écoute-flânerie, un dispositif de recherche-intervention qui articule l’éthique psychanalytique avec les enjeux éthico-méthodologiques de la thématique du flâneur chez Walter Benjamin (Gurski, 2019). L’écoute flâneur permet à une forme d’écoute psychanalytique d’être présente dans d’autres lieux que le cabinet. En ce qui concerne la recherche, il s’agit, à travers la position du flâneur, de soutenir une condition temporelle qui permette au psychanalyste-chercheur d’écouter la dimension infra-ordinaire des récits, afin d’évoquer la dimension du sujet dans l’espace scolaire.
Effets de la parole des élèves en enseignement moral et civique à l’école en France.
Séverine Fix-Lemaire (Normandie Université)
En France, l’EMC (enseignement moral et civique) place en son cœur la parole de l’élève. Or, des paroles d’élèves écoutés à propos de leur expérience de l’EMC dans leur classe de CM2 pointent un constat : « l’EMC ça nous apprend à communiquer à mieux se parler à dire ses problèmes pour les régler mais les professeurs ils en font pas… ils n’aiment pas quand on parle en EMC on dirait ». Ce point de vue d’élèves croise mon point de vue de formatrice spécialiste de l’EMC et de chercheuse (Fix-Lemaire, 2022). Il semblerait en effet que la parole des élèves en EMC génère un embarras chez certains professeurs des écoles (PE). En EMC, ces PE se verraient contraints de supporter la parole des élèves, dans les deux acceptions du terme : « aider, soutenir » et « tolérer, souffrir ». Ils seraient alors pris dans une tension entre, d’un côté répondre à la commande institutionnelle qui les enjoint d’aider à l’émergence, de soutenir la parole des élèves pour les faire advenir citoyen, et d’un autre côté, tolérer, voire souffrir, de devoir peut-être renoncer à leur place de sujet supposé savoir (Lacan, 1966).
Ainsi, quelles seraient les causes subjectives de l’embarras généré pour certains PE en EMC par cette parole adressée ? Et, dans une logique de formation, comment faire pour que ces enseignants « aiment quand les élèves parlent en EMC » ?
Le sujet du désir en éducation – impasses et possibilités face à la demande des étudiants qui aspirent à un lieu de parole.
Karen Graziele Tavares (Universidade de São Paulo)
Lisiane Fachinetto (Centro Universitário Faculdades Metropolitanas Unidas)
Cette communication vise à réfléchir sur une expérience menée par une équipe interdisciplinaire du service d’éducation municipale d’une ville de la région de Rio Grande do Sul (Brésil) : construction d’un espace afin de recevoir des demandes de soins concernant des enfants scolarisés présentant des « troubles ». Outre la prise en charge des enfants, nous avons proposé des discussions avec des enseignants afin de remettre en cause la demande insensée de diagnostics. Il y a un seul sujet en éducation et en psychanalyse. Cependant, l’école nie qu’un sujet opère chez l’élève et qu’il soit à la manœuvre dans les processus d’apprentissage. Actuellement, au Brésil, lorsque l’apprentissage ne se passe pas comme prévu, avant toute remise en cause du travail scolaire, l’école a tendance à recourir à des diagnostics faits par des professionnels de santé. L’une des conséquences est la médicalisation sans discernement, une solution trouvée par l’école au nom de l’efficacité de l’apprentissage. D’autre part, la fonction de l’analyste est de dévoiler ce qui est semi-dit par le symptôme et d’interroger ce qui se passe dans la relation maître-élève et ce qui est impliqué dans cette espèce de renoncement à éduquer de la part des écoles demandant des expertises. En considérant l’enfant comme un sujet de désir, nous reconnaissons la capacité qui est la sienne à adresser une demande, mais lorsque la parole lui est refusée, il ne lui reste plus qu’à produire des symptômes. Piégé dans le discours de l’Autre, sans pouvoir se dire en tant que sujet, l’enfant devient un sujet « inéducable ».
Atelier 20
L’inclusion des enfants autistes : des embarras dans le champ pédagogique.
Amanda Abrahão (Universidade Federal de Ouro Preto)
Carla Mercês da Rocha Jatobá Ferreira (UFOP)
Les débats sur l’autisme ont été de plus en plus discutés et ont obtenu un soutien dans les sphères internationales, dans les politiques publiques et dans les productions scientifiques. Cependant, le domaine de l’éducation a besoin de considérer les approches nécessaires pour chacun, puisque l’inclusion des enfants autistes nécessite un regard et une écoute attentifs afin de ne pas s’opposer à leur exclusion (Ferreira ; Vorcaro, 2019). L’étude apporte l’interlocution avec la théorie psychanalytique, en menant une recherche bibliographique avec des productions réalisées entre les années 2015 et 2022, à travers le tissage de l’état de l’art, en cherchant à comprendre quelles sont les tendances de la recherche concernant l’inclusion des enfants autistes dans le contexte de l’éducation publique. Ainsi, nous cherchons à savoir quelles conceptions et quels problèmes se matérialisent dans les discours dans la construction et l’efficacité des politiques publiques qui impliquent depuis le champ juridique et la gestion publique jusqu’aux embarras conceptuels et à la place du spécial dans l’éducation. L’articulation entre la psychanalyse et l’éducation qui est proposée mise sur le sujet, dans lequel il n’y a pas de déficience ou de déficit à combler ou à adapter, mais un sujet à écouter, pourvu de subjectivité et de désir, proposant un processus éducatif qui chemine dans la compréhension de la valeur thérapeutique de l’école (Bastos et Kupfer, 2010, ) et dans l’attention aux marques symboliques qui seront construites dans les relations entre les sujets, de sorte que chacun exige une direction unique qui nécessite à tout moment une « réinvention » de la méthodologie, puisque chacun a des structures subjectives différentes (Jerusalinsky, 2012) bien qu’ils dénotent des homologies de structure (Laurent, 2014).
Interventions diagnostiques en éducation : construction de récits sur l’enfance et l’autisme.Saulo Bis Fagundes (Universidade Federal do Espírito Santo)
A partir de recherches qui remettent en question le rôle des diagnostics psychiatriques, notamment dans le contexte de l’éducation brésilienne, je cherche à comprendre et à discuter certaines questions relatives à la médicalisation et à la pathologisation de l’enfance. La recherche se concentre sur les données relatives aux troubles du spectre autistique (TSA), qui dénoncent un scénario alarmant en termes de chiffres épidémiologiques. Ainsi, elle cherche à vérifier les critères proposés par les manuels médicaux, tels que le DSM et la CIM, pour le diagnostic des TSA, ainsi que ses répercussions sur l’éducation. Du point de vue des apports de la psychanalyse à ce thème, l’importance du transfert pour l’établissement d’une hypothèse diagnostique invite déjà l’enseignant à s’inclure dans les démarches qu’il recherche pour un certain élève. Il s’agit donc de discuter des modèles d’inclusion scolaire de ces enfants, afin d’interroger les dispositifs utilisés par l’éducation pour favoriser l’attention et le soin. Comment la psychanalyse peut-elle contribuer à l’écoute et au rôle de premier plan de ces enfants dans le contexte dans lequel ils sont insérés ?
Où habitent-ils les chérubins ? – Réflexions sur le travail d’inclusion dans une école maternelle privée.
Cléo Busanello de Medeiros (Universidade Federal do Rio Grande do Sul)
Andrea Gabriela Ferrari (UFRGS)
Cette communication reprend les avancées d’une recherche au niveau de master qui vise à comprendre les représentations des professionnels d’une école maternelle privée sur l’éducation inclusive. Cette école reçoit des enfants issus de familles brésiliennes très aisées, considérés comme étant l’enfant normal. Nous constatons l’excès de prescriptions guidant le regard des familles et, par conséquent, celui de l’école sur le développement et la constitution psychique de l’enfant. Face au malaise provoqué par ce que le symptôme de l’enfant vient à dénoncer, qui est en mesure d’en dire quelque chose ? La famille et l’école sont privées d’un savoir sur l’enfant, puisque désormais le discours scientifique dicte la marche à suivre (Assemany, 2016). Au nom d’une stimulation correcte et ajustée au développement souhaitable des enfants, parents et professionnels sont guidés par des experts sur les façons les plus appropriées d’élever l’enfant, tout en supprimant le moindre écart par rapport à la norme. Ainsi, comment soutenir le savoir propre à l’école face aux impératifs de la science ? Si l’éducation de la petite enfance comprend des années cruciales pour la constitution psychique, comment assurer un processus éducatif axé vers le sujet et non pas sur l’adaptation ? Nous sommes convaincus de la nécessité de soutenir l’école comme un espace de construction de liens et de valorisation des singularités, et pour cela les professionnels ont un rôle crucial.
Atelier 21
‘Without breaking her spirit’, réflexions sur la transmission dans le film Miracle en Alabama [The miracle worker, 1962].
Christiane Matos Batista (Universidade de São Paulo)
Le film Miracle en Alabama (The miracle worker, 1962) est l’adaptation de la pièce de théâtre du même titre, elle-même basée sur le livre « The story of my life », publié en 1903 par Helen Keller. Aveugle et sourde depuis l’âge de 18 mois, l’auteure expose dans son ouvrage l’angoisse de ne pas pouvoir communiquer et détaille son processus d’acquisition du langage grâce à l’intervention de Anne Sullivan. Nous comprenons le langage comme l’organisation de la fonction symbolique propre à la condition humaine (Dolto, 2004). Sur la base de l’analyse de scènes du film, cet article vise à étudier comment Sullivan provoque les « sens » de la jeune fille, met en circulation des signifiants et soutient l’entrée de Helen dans le monde du langage. Avant de rencontrer Sullivan, la communication d’Helen se limitait à l’utilisation de quelques signes, ce qui l’amenait à recourir constamment à des agressions pour manifester ses désirs et ses insatisfactions. Bien que la famille ait consacré amour et soins à Helen, l’impossibilité, jusqu’alors, d’accéder au langage entravait le processus de subjectivation (Keller, 2003). La constitution de la subjectivité dépend de l’abandon de la position d’objet, un changement qui n’est possible qu’en présence de l’Autre (Gusdorf, 2003). Il est donc fondamental qu’il y ait un espace pour la transmission des marques symboliques vers la conquête d’un lieu à partir duquel le désir est possible (Lajonquière, 2001). Ainsi, la relation transférentielle établie entre Helen et sa professeure est également au cœur de cette étude.
Autorité et transmission au temps du néolibéralisme : l’enfance en question.
Ligia Rufine Nolasco (Universidade de São Paulo)
Ce travail reprend les avancées d’une recherche au niveau master dans laquelle les questions sur l’autorité et la transmission sont devenues évidentes face au discours néolibéral actuel, qui entraîne des conséquences significatives sur la constitution subjective des enfants dans le social. Le néolibéralisme traverse nos valeurs et nos désirs, en étendant la logique capitaliste aux relations sociales et à toutes les sphères de la vie, conformément à l’avertissement de Lacan (1972). Une époque où nous subissons la précarité des liens, soit au travail, soit dans la vie familiale et dans les relations amoureuses (Soler, 2016). Ce processus est encouragé par les privatisations et la désinstitutionnalisation, qui ont pour seul impératif d’assurer la circulation de marchandises, produisant ainsi un processus de dé-symbolisation (Dufour, 2005) qui vide le sens de la vie en collectivité, contribuant au sentiment croissant d’impuissance des parents à l’égard de leurs enfants. En ce sens, nous nous demandons si l’idée de l’enfant autonome, largement répandue dans notre société, n’est pas en train de disparaître au profit d’un enfant tyrannique prêt à exiger ce que le marché peut lui offrir. Nous interrogeons encore comment l’importance de l’écoute de l’enfant est reprise par le marché avec l’idée que nous devrions répondre à toutes leurs demandes et que les parents doivent garantir leur bonheur grâce à la consommation. Nous reprenons dans ce contexte les notions de parentalité et de transmission afin de résister à cette perspective de jouissance illimitée présente dans le discours néolibéral, en faisant le pari que quelque chose du désir puisse advenir.
L’expérience éducative au Brésil : sur le non-lieu réservé à la parole scolaire dans les rêves de la nation.
Andressa Mattos Salgado Sampaio (Universidade de São Paulo)
Cette communication vise à analyser l’insistance dans le cadre brésilien concernant la formation des enseignants et l’idée bien installée dans l’imaginaire social selon laquelle l’insuffisance de formation professionnelle est la cause dudit échec scolaire. A partir des études orientées par la psychanalyse dans le domaine de l’éducation nous proposons de penser la présence de cette idée comme un indice de quelque chose qu’on ne veut pas entendre. Il s’agit de ne pas vouloir savoir ce que fait un enseignant. Reprendre cette question nous amène à tenir compte qu’un enseignant n’est pas seulement un professionnel plus ou moins compétent du point de vue didactique ainsi que bon gestionnaire du groupe classe, mais un personnage dans les rêves de la nation. L’expérience éducative appartient au domaine de la fragilité humaine et le métier d’enseignant s’enracine dans la responsabilité des adultes à l’égard du monde, dans le sens de sa conservation ainsi qu’à l’égard des enfants, car ceux-ci en tant que nouveaux-arrivants tiennent à participer au tissage d’une affiliation symbolique nationale. Ainsi, nous analysons comment l’imaginaire pédagogique actuel, pris dans une mystification singulière (Charlot, 1975), réduit l’éducation à un enseignement standardisé et l’agir éducatif à un processus de fabrication des individualités psychologiques. Il vide ainsi l’expérience éducative de son sens publique, et rend encore plus profonde la crise de l’éducation (Arendt, 2018). La formation des enseignants au Brésil, dans sa prédominance techniciste dont le but est l’utilité, insiste à ne pas reconnaître que l’exercice du métier implique la conquête d’un lieu de parole dans une histoire en cours. Cette insistance réside, parmi d’autres choses, dans l’illusion qu’il n’y aurait pas un prix à payer, dans le champ du désir, pour que l’idée de justice fasse partie du rêve de nation (Lajonquière, 2018). Du non-lieu réservé à la parole scolaire résulte une série de conséquences à l’égard des enfants, puisque la possibilité de se servir de l’expérience éducative comme appui pour conquérir une place de parole dans une tradition existentielle s’enfuit à l’horizon (Sampaio, 2021).
Atelier 22
Une usine à handicap, ou comment contrer l’angoisse d’éduquer.
Martin Lamadrid (Université Sorbonne Paris Nord)
L’éducation française est régie par le paradigme de l’inclusion. Pour cela, tout un dispositif de contrôle et d’ordonnancement de cette inclusion a été nécessaire et le psychologue remplit un rôle bien défini. Pourtant, à Noisy-le-Sec, les dossiers MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) explosent, et l’angoisse des enfants et des fonctionnaires semble n’avoir plus lieu d’être. Nous vivons dans un paradigme obsessionnel et non plus tellement hystérique. Enseignants et directeurs d’école obsédés par les réponses, par les chiffres (QIT : Quotient Intellectuel total), les diagnostics, mais aussi, hantés par des mots considérés comme inacceptables (comme “psychose”). La psychanalyse peut donner des indices sur les mécanismes qui existent derrière cette réponse intempestive et mécanique qui fonctionne comme un palliatif face à la tâche angoissante d’éduquer. Les grandes questions qu’il faut se poser de toute urgence sont les suivantes : quelle sorte d’enfant est l’enfant que veut l’Education nationale ? Comment faire place au sujet dans ces situations ? Que faire quand la demande de l’Autre est tellement écrasante que le sujet ne semble pas exister pour faire naître un moi cristallisé, et surtout, un moi handicapé ? Pourquoi le nord de Paris est-il une “usine” à dossiers MDPH ? Quel genre d’enfant est l’enfant que veut l’Education Nationale à Noisy-le-Sec ?
Des maux, des actes. Quelle demande les jeunes confiés à la protection de l’enfance adressent-ils à travers leur agir ?
Caroline Le Roy (Université Paris 8)
Narjès Guetat-Calabrèse (Université Paris Nanterre)
La question des limites, et la répétition d’agirs de déliaison à leur encontre, travaillent les sujets, les institutions et les pratiques éducatives au sein des institutions de la protection de l’enfance, où elle met en évidence le hiatus entre temporalités éducative et psychique. À partir de deux vignettes relatant le placement d’adolescentes dans une MECS, nous repérerons les défaillances du processus de symbolisation psychique, les fonctionnements en miroir (Pinel, 1996) entre jeunes et équipes qui en découlent, se nouant notamment autour de la culpabilité (Freud, 1914). Ce faisant, nous interrogerons la posture de l’éducateur, et plus largement les positions cliniques et épistémologiques, selon la manière de considérer les agirs de ces jeunes sous l’angle d’acting out ou bien sous celui de formes particulières d’associations libres (Ferenczi, 1932 ; Balint, 1971).
La place du sujet parmi les voix de l’institution.
Gabriela Morais Machado (Universidade Federal do Espírito Santo)
A partir d’une lecture de Freud avec Lacan, nous considérons que la constitution du sujet dépend pour advenir d’un appel de l’Autre, incarné par ceux qui adressent la parole au bébé pour qu’il devienne ensuite locuteur. Ainsi, la conquête de la parole passe par le montage d’une dynamique invocante, soutenue par les voix qui entourent l’enfant et la constitution d’un « point sourd » à l’horizon, qui permet l’émergence du sujet désirant (cf. J.-M. Vives). En ce sens, notre travail vise à interroger la place du sujet au milieu des voix qui contestent le savoir sur l’enfant dans une institution éducative. On constate que la recherche d’une vérité sur l’enfant, à partir de certains discours, peut figer le sujet dans un savoir attribué par l’Autre. Ensuite, en considérant les apports de la psychanalyse, on met en évidence l’hypothèse de la constitution d’un « point sourd » pour soutenir le pari d’un travail qui favorise la manifestation de la singularité.
Atelier 23
L’écoute psychanalytique des jeunes en situation de vulnérabilité sociale à travers le slam et les groupes R.A.P. : la construction d’espaces d’élaboration et de production de nouvelles significations singulières et collectives.
Bruna Ferreira de Oliveira (Universidade de São Paulo)
Rose Gurski (UFRGS et USP)
Agundez Ayelen (UFRGS et USP)
Ce travail est issu de l’expérience d’écoute des adolescents qui participent aux slams (concours de poésie parlée) et aux groupes R.A.P. (Rythmes, Adolescence et Poésie) développées par le NUPPEC/UFRGS et USP. A notre avis l’expérience des slams se rapproche des Groupes R.A.P. – un dispositif de recherche-intervention construit avec les garçons de la Détention Provisoire (DP), porte d’entrée de la politique socio-éducative brésilienne – car tous les deux travaillent à partir des effets poétiques dus aux rimes. Nous cherchons à interroger les destins proposés par la situation de vulnérabilité sociale, puisque certains adolescents prennent la voie de l’acte infractionnel pour exprimer leur malaise, mais d’autres se tournent vers le slam afin de faire de la poésie. Nous nous proposons donc de renforcer ces parcours poétiques, soit la participation aux slam soit aux groupes RAP, comme une manière de résistance, de lutte et de production de nouvelles significations aussi singulières que collectives (Gurski & Strzykalski, 2018).
Doping universitaire : amélioration cognitive, néolibéralisme et vocifération du surmoi.
Lucas Emmanoel Cardoso de Oliveira (Universidade Federal de São Carlos)
L’amélioration cognitive, cognitive enhancement, fait référence à l’utilisation de substances psychoactives par les personnes qui n’ont pas de troubles ou déficit intellectuel, mais qui veulent améliorer leur performance cognitive. Cette réalité est progressivement apparue dans les établissements d’enseignement, ce qui peut être compris comme l’une des manifestations de l’impératif néolibéral qui prône la performance maximale, une production élevée, une amélioration continue de soi et la réalisation de soi comme conditions pour participer à l’ engrenage social. Nous appelons cette situation de doping universitaire. L’objectif de ce travail est de mettre en évidence les processus sociaux pour l’émergence de l’amélioration cognitive, l’adhésion subjective à cet impératif et les possibilités de résistance à ce processus de musellement et de reproduction capitaliste. La démarche méthodologique est clinico-institutionnelle et bibliographique, guidée par la psychanalyse et les théories sociales critiques. À partir de l’écoute des étudiants universitaires, on constate que l’une des médiations subjectives de cette adhésion est le surmoi qui exige la jouissance et vocifère sa tyrannie sur le sujet, ce qui le détermine et le réduit à un objet. Ainsi, si d’une part les sujets sont captés par le discours de la liberté par l’auto-amélioration, ils éprouvent de l’angoisse à essayer d’atteindre l’idéal et l’impuissance face à la reconnaissance que cet accomplissement est impossible. L’université, même en reproduisant l’impératif néolibéral, peut-être cependant une voie fondamentale pour la résistance et la critique de ce processus dans la mesure où elle contribue à la singularisation des sujets et s’oppose au domaine dans lequel elle est insérée.
Les métiers impossibles et le sisyphéen comme politique.
Claudia Campins (Universidad Autónoma de Entre Ríos)
Mariana Scrinzi (Universidad Nacional de Rosario)
La politique en tant qu’art constitue un des trois impossibles freudiens : éduquer, gouverner et psychanalyser. L’impossibilité enracinée dans ces pratiques est liée à la parole et elle va de pair avec la thèse lacanienne « l’inconscient, c’est le politique ». La lecture de Bernfeld (1925) et de Camus (1942) sur le mythe de Sisyphe, permet de reconnaître dans le héros tragique la décision d’assumer l’absurdité de sa punition. Avec l’insistance comme geste, Sisyphe installe le possible face à une tâche impossible puisqu’inachevée. La figure du moment d’arrêt nous permet de considérer l’impasse comme étant un intervalle dans la marche et non pas une situation sans issue. L’impasse comme intervalle décrit un bord, un vide qui ouvre aux déplacements désirants. Cette conception permet de faire face aux conflits dans les institutions éducatives sans écarter l’autorité et la responsabilité sociale attendues des professionnels du métier impossible d’éduquer. La fonction donnée à l’intervalle, qui ouvre une « attente » lorsqu’elle est fondée sur l’autorité, définit une posture de spectateur. La conceptualisation des conflits et sa fonction éducative est devenue urgente après la pandémie du Covid-19. L’école en Argentine et ses formes hégémoniques d’éducation ont été confrontées au distanciel via l’enseignement virtuel ou l’installation de bulles dans les salles de classe. Revendiquer une marge de manœuvre afin de traverser des moments de conflits dans les institutions, nous met sur les pas de la tradition ouverte par la psychanalyse, où la reconnaissance du semblable constitue un pari sur le dépliement du lien social.
Atelier 24
La psychanalyse dans la polis : travail avec des adolescents en institution.
Paula Matoski Butture (Universidade do Estado do Rio de Janeiro)
Sonia Alberti (UERJ)
Aline Lima Tavares (UERJ)
Danielly Meirelles Espíndola (UERJ)
En travaillant dans des institutions publiques qui s’occupent d’adolescents, nous avons observé que la plupart des professionnels font leur travail de façon dite bureaucratique, ce qui s’associe à une éthique moraliste basée sur des discours taxonomiques, annulant les sujets. Cela demande un effort supplémentaire de notre part si nous prétendons nous référer au discours du psychanalyste. Pour éclairer cet effort, il nous est venu à l’esprit d’associer notre position au rôle que Edgar Allan Poe attribue à Dupin, dans l’histoire à laquelle Lacan s’est référée dans son séminaire sur La Lettre volée. Pour Lacan, Dupin a pu retrouver la lettre là où la police n’avait rien trouvé car il était guidé par un autre référentiel. C’est là que se trouve l’apport de la psychanalyse dans ce travail institutionnel : le sujet, comme la lettre volée, est en même temps qu’il n’est pas, et où qu’il soit, où qu’il aille… la psychanalyse peut le faire compter.
Le sujet inconscient ne peut se révéler que par la parole. Il appartient à l’analyste de promouvoir celle-ci, y compris quand il se trouve dans un contexte de travail institutionnel. A partir de vignettes cliniques, nous voudrions souligner que quand il y a de l’écoute, les adolescents parlent. L’écoute rend possible un travail, renforçant la pertinence du psychanalyste dans l’institution pour faire valoir quelque chose de l’ordre du désir, afin que les adolescents puissent, tout au long des consultations, éventuellement se situer subjectivement et répondre de leurs actes.
Une stratégie psychanalytique d’intervention : diagnostic éthique et politique de la jeunesse (des)orientée ?
Soraya Souza (Universidade Estadual de Campinas)
Ana Archangelo (Unicamp)
Liz Amaral (Unicamp)
Il s’agissait de construire un mode de diagnostic éthique-politique qui permette au sujet de constituer une dimension singulière du fait social, par la voie du récit. Le processus méthodologique de la recherche a été basé sur la psychanalyse approfondie d’orientation lacanienne, en incluant la visite à la Fondation Casa, observations dans l’Institution CREAS, l’analyse de l’histoire institutionnelle et des entretiens articulés sous transfert avec le témoignage et le mémorial de l’équipe technique, ainsi que de l’analyse des cas cliniques-politiques institutionnels des adolescents A. et R. Avec l’analyse des résultats, on peut conclure que la délinquance provient du déploiement de la scène sociale qui s’incarne dans le sujet et l’identifie à des actes, un des éléments qui contribuent à l’institutionnalisation du symptôme avec la production du récidiviste. La vulnérabilité psycho-politique de cette situation produit l’effet de psycho-pathologisation du lien social dans l’expérience individuelle, opérée par le discours capitaliste, à travers des instruments qui ne tiennent pas compte du contexte dans lequel l’«expérience nue» avait été construite, dans la tentative d’objectiver le sujet, il le transforme en une Chose des-subjectivable, un sujet gadget.
Psychanalyse et adolescence, des barres raciales à la liberté palmaire : « aquilombamento » des jeunes noirs dans les mesures socio-éducatives dans l’État d’Alagoas.
Jéssica Michelle Silva (Universidade Federal do Rio Grande do Sul)
Rose Gurski (UFGS/USP)
Cette communication se réfère à un mémoire de master sur les effets et les affectations clinico-politiques d’un dispositif d’écoute, le RAP Rodas, avec des adolescents du système socio-éducatif d’Alagoas, dans l’espace de Quilombo dos Palmares. Le RAP Rodas dans le système socio-éducatif est un dispositif déjà établi dans le NUPPEC/UFRGS, mais dans la démarche qui est la nôtre essayons de « racialiser » le dispositif. Nous voulons étudier comment les cercles RAP du Quilombo de Palmares peuvent servir à élaborer la souffrance sociopolitique des jeunes noirs qui vivent dans une situation de violence. Les Rodas, qui se déroulent dans le Quilombo, nous offrent également la possibilité de nous souvenir de l’histoire de ce lieu et de ses protagonistes pour les générations actuelles. Nous soulignons que, pendant la période de l’esclavage au Brésil, les Quilombos ont été une source d’organisation sociopolitique, de survie et de liberté, et que, dans le RAP, les paroles traitent de la réalité psychosociale des personnes qui les produisent. En outre, nous savons que le RAP lui-même est le fruit d’un effort, que nous pouvons qualifier de civilisateur, de jeunes Noirs périphériques qui font de la musique à partir de leur douleur, cherchant à travers les récits musicaux un outil capable d’intervenir dans le jeu de la ségrégation et du racisme que nous vivons au Brésil.
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